Vulgariser la science biomédicale : un enjeu de santé publique

Auteur(-s) : Marine Lhomel & Fred Colantonio

L’intérêt actuel du public pour la communication scientifique vulgarisée doit être catalysé pour encourager la communauté des chercheurs à créer du lien autour de l’impact sociétal de leurs travaux de recherche, et aussi à lutter contre les fake news.

Donner aux scientifiques la place qu’ils méritent dans le débat public

Informer le grand public, le sensibiliser à certaines approches, instaurer le dialogue avec lui afin de mieux l’impliquer dans la dynamique de recherche et de santé publique sont, aujourd’hui plus que jamais, des enjeux majeurs pour nos sociétés. Donner aux scientifiques la place qu’ils méritent dans le débat public, c’est permettre à chacun de mieux comprendre les enjeux globaux et individuels, de connaître les possibilités et les perspectives de traitement et de se réapproprier son parcours médical et sa santé.

Inversement, c’est aussi l’opportunité de contribuer, à son échelle, à l’amélioration des soins de santé, de la prise en charge des patients, de l’accès aux soins, mais aussi de facteurs externes qui influencent l’évolution de certaines maladies (nutrition, bien-être, pollution, etc.)

Vers une ère de responsabilisation individuelle et d’inclusion mutuelle

La situation actuelle doit donner vie à une ère de responsabilisation et d’inclusion mutuelle dans la façon dont les différents acteurs de nos sociétés vont aborder les enjeux de santé dans les années à venir.

Prendre ses responsabilités, c’est faire des choix conscients et avisés, c’est agir en connaissance de cause. Les chercheurs et les experts de l’industrie de la santé ont un rôle à jouer en ce sens. Ils peuvent partager avec le grand public un contenu contextualisé, plus accessible, à propos des maladies, des technologies, des thérapies et des recherches qui sont développées pour améliorer la qualité de vie des patients, voire les guérir.

À ennemi commun, cause commune

L’expérience montre que lorsque les gens sont directement touchés, ils sont beaucoup plus réceptifs. Dans le monde du journalisme, ce phénomène très connu de « loi du mort-kilomètre » postule que plus un événement — aussi grave soit-il — est distant, moins il suscite l’attention et l’empathie vis-à-vis des victimes. En traversant les frontières, le Covid-19 a transcendé cette loi, il a créé des attentes, forçant les États en recherche de solutions à se tourner vers les seuls experts qui pouvaient les aider à y voir plus clair : les scientifiques.

La pandémie de coronavirus a également incité le monde politique à « connecter » le monde de la recherche à la société afin de permettre un dialogue constructif concernant les inquiétudes de chacun. Si cela a pu être fait à une telle échelle pour le Covid, imaginez les possibilités pour les autres grandes maladies de notre siècle : maladies cardiovasculaires, cancer, diabète, Alzheimer, Parkinson, etc.

Communiquer plus, communiquer mieux

Les chercheurs sont des personnes qui tentent de résoudre des problèmes ou des questions de santé. Ils mènent des expériences pour comprendre et apporter des solutions. Dans bien des domaines, leur travail nous concerne au premier plan et il mérite que nous, les non scientifiques, nous y intéressions de plus près, afin de les aider à avancer, en posant des questions, en témoignant de nos propres expériences, en essayant d’établir les liens qui permettent de construire la connaissance scientifique.

Les chercheurs doivent aussi, de leur côté, communiquer plus souvent, d’une façon qui soit adaptée niveau de compréhension des publics non spécialisés afin de répondre à des besoins précis plutôt qu’expliquer des concepts compliqués. Ainsi, ils pourraient maintenir l’attention du grand public, mais aussi de faire croître l’intérêt général dans la science et dans la recherche.

Favoriser le débat constructif à la polémique

Ce faisant, il est impératif qu’ils veillent à ne pas semer le trouble dans l’esprit du grand public quant aux divergences méthodologiques ou techniques qui les opposent sur un même dossier. Le risque étant que le public s’y perde et surtout, n’ait plus confiance envers les chercheurs. La communication scientifique vulgarisée a encore beaucoup de marge de progression devant elle. Bien que les débats constructifs soient nécessaires, les polémiques éventuelles, quant à elles, risquent d’annihiler tous les efforts menés par la communauté scientifique et médicale ces derniers mois pour informer la population.

Dans ce contexte, les médias ont aussi un rôle essentiel à jouer dans la relation que le public entretiendra avec la recherche et la communauté scientifique. Après un climat anxiogène, nous avons désormais l’opportunité de bâtir un avenir où experts et néophytes pourront échanger plus régulièrement et intégrer, dans une certaine mesure, la recherche dans la vie de chacun.

Nous sommes tous des patients potentiels

Certains enjeux commerciaux nous font parfois oublier que la recherche en santé et la médecine sont pratiquées par des personnes pour d’autres personnes. L’humain est au centre de la démarche. Nous sommes tous, que nous le voulions ou non, des patients. Nous sommes tous, que nous nous y intéressions ou pas, concernés par la recherche. Alors, faisons un pas les uns vers les autres pour faire évoluer les choses et créer une nouvelle dynamique où la science est ouverte à tous pour le bien commun de l’humanité.

Pour en savoir plus sur les essais cliniques et la communication dans l’industrie pharmaceutique

 

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