Les autorités réglementaires[1] et les lois relatives à la mise sur le marché d’un candidat médicament sont très strictes. Quand une entreprise décide de tester un produit chez l’Homme et donc, de se lancer dans une étude clinique, elle doit prouver plusieurs éléments. Premièrement, le produit doit répondre à un besoin médical réel insatisfait, c’est-à-dire pour lequel les traitements sont insuffisants ou inexistants. Ensuite, les résultats des essais pré-cliniques doivent démontrer que le produit fonctionne chez l’animal et soit sans risque pour l’Homme. Enfin, le cadre de l’étude doit être clairement défini dans un document (un protocole clinique) qui reprend dans le détail toutes les informations relatives à l’essai et notamment : la pathologie ciblée, le type et le nombre de patients recrutés[2], les établissements cliniques où sera mené l’essai, le nom des médecins qui coordonneront l’étude (appelés « investigateurs »), les pays ciblés[3], les modalités d’administration du produit (en une fois, en plusieurs fois, en double aveugle[4]), le dosage du produit (stable, croissant), les critères d’évaluation qui détermineront si, oui ou non, les objectifs fixés ont été atteints.

Les différentes phases d’une étude clinique

La Phase I

L’objectif de l’étude de phase I est d’évaluer les effets d’un candidat médicament sur les sujets et d’identifier la dose limite de produit tolérée par l’organisme. Généralement, les études cliniques de phase I se font sur un nombre limité – environ une centaine – de volontaires sains (oui, vous avez bien lu, des gens qui sont en bonne santé). Cependant, lorsque la nature du produit l’oblige, l’essai exclut d’emblée les volontaires sains et se concentre uniquement sur des sujets malades. Une fois la dose limite de toxicité identifiée et tolérée par les patients, les médecins déterminent la posologie qui sera utilisée dans la phase suivante. En revanche, si le candidat médicament est plus toxique que prévu ou s’il affecte négativement l’état de santé des patients, les essais sont interrompus.

La Phase II

L’étude de phase II (encore appelée « étude pilote ») vise essentiellement à évaluer l’efficacité du candidat médicament (s’il fonctionne) et à trouver la dose optimale à administrer (c’est-à-dire la dose à laquelle le produit délivre tout son potentiel thérapeutique sans engendrer d’effets secondaires indésirables chez le patient). Ici, les essais sont obligatoirement menés sur une population de sujets malades qui souffrent de la pathologie ciblée par le traitement.

Comment déterminer le nombre de patients à inclure dans un essai afin que les résultats soient pertinents ?

Il n’existe pas de formule standard. Tout dépend de l’étude que l’on souhaite mener (exploratoire ou confirmatoire). En fait, ce qui est important est d’atteindre un nombre suffisant de participants pour comparer leurs données entre elles et établir des probabilités statistiquement pertinentes et significatives. Un échantillon trop petit comme un échantillon trop grand seraient contre-productifs.

La Phase III

Une étude de phase III consiste à faire la même chose que dans une étude de phase II sur un échantillon de patients beaucoup plus important. L’efficacité et les effets secondaires indésirables restent les indicateurs clés et sont étudiés via une analyse comparative entre le traitement de référence et un placebo. Bien entendu, afin de ne pas biaiser les résultats de l’étude, ni le personnel médical ni les patients ne savent si la substance administrée est active ou non. Si l’étude de phase III démontre que le candidat médicament fonctionne et que le ratio « bénéfices/risques » est acceptable pour le patient, le produit devient alors éligible pour une demande d’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM). Même si les résultats de l’étude s’avèrent probants, les autorités réglementaires peuvent demander au promoteur de l’étude (l’entreprise) de mener une seconde étude de Phase III à titre de confirmation[5], avant de l’autoriser à initier les démarches pour obtenir l’AMM. En d’autres termes, la réussite d’une étude de phase III est le Graal des entreprises pharmaceutiques !

La Phase IV

La quatrième phase d’une étude clinique est menée après que le médicament ait été commercialisé. L’idée étant de garder un œil sur l’évolution du produit durant tout son cycle de vie. Il peut, en effet, arriver que certaines réactions indésirables apparaissent sans qu’elles n’aient été observées (ni même envisagées) durant les phases I, II et III de l’essai. Ce protocole de surveillance contribue à long terme à ce que l’on appelle la « pharmacovigilance ».

Vous savez maintenant ce qu’est une étude clinique, à quoi elle sert et comment elle fonctionne.

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Références

[1] En Europe, tout ce qui concerne les essais cliniques est géré au niveau national (agence du médicament nationale, FAMHP/AFMPS en Belgique). Les demandes de mise sur le marché sont gérées au niveau national ou au niveau central via l’European Medicine Agency (EMA) en Europe et la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis.

[2] Dans un essai clinique, on parle souvent de cohorte de patients, c’est-à-dire des groupes de patients aux caractéristiques propres et entre lesquels on établit des comparaisons sur base d’un seuil de référence.

[3] Bon à savoir : si aux États-Unis la FDA décide si un produit ou non peut être mis sur le marché, en Europe, les règles du jeu sont sensiblement différentes puisque chaque pays dispose de sa propre réglementation.

[4] Les études cliniques menées en double aveugle consistent à évaluer l’efficacité d’un produit en le testant de manière aléatoire sur les patients (certains recevant la substance active et les autres un placebo) et ce à l’insu des investigateurs (les médecins qui coordonnent l’essai clinique) et des patients, afin d’assurer l’objectivité des résultats obtenus.

[5] Source : Nearly Half of Recent EU Approvals Based on a Single Pivotal Study, Regulatory Affairs Professionals Society (RAPS), M. MEZHER, 10 novembre 2017, https://www.raps.org/regulatory-focus%E2%84%A2/news-articles/2017/11/nearly-half-of-recent-eu-approvals-based-on-a-single-pivotal-study?sthash.45SEJWj3.mjjo